En novembre, j’ai eu le grand privilège de participer à la conférence Open Government Data Camp à Londres. Cette conférence a réuni des personnes concernées par/impliquées dans les données ouvertes — des militants, des professionnels, des universitaires et des fonctionnaires. La saveur internationale de cet événement, auquel assistaient des Anglais, des Français, des Américains, des Australiens, des Brésiliens et d’autres nationalités, était évidente. Il est maintenant clair que le mouvement des données ouvertes connaît une envergure internationale et progresse à une vitesse étonnante.
La conférence a été organisée par le Open Knowledge Foundation dont le mandat est de promouvoir l’accès aux informations de tout genre. David Eaves, un pionnier des données ouvertes à Vancouver, a prononcé le discours d’honneur/principal. Il a expliqué l’importance de créer des institutions, autres que politiques, pour collecter et gérer les données ouvertes. David a dressé des parallèles fascinants avec la construction des bibliothèques au 19e siècle. Celles-ci ne furent pas construites pour une population lettrée, mais plutôt pour promouvoir l’apprentissage de la lecture. En conclusion, Eaves a souligné l’importance de bien comprendre les différents types d’informations recueillies dans un premier temps (voir les changements au recensement par le gouvernement Harper) puisque nous ne pouvons pas offrir des données ouvertes pour des informations qui n’existent pas.
Lors de la conférence, j’ai eu l’occasion de présenter avec David Eaves une mise en contexte des données ouvertes au Canada, qui pour le moment se limitent au niveau municipal (vidéo et transparents ci-dessous). Notre présentation a été suivie par celles des représentants de legislation.gov.uk, data.gov et des militants italiens, finlandais et grecs, avec leurs propres contextes nationaux.
Il a été intéressant de constater comment le mouvement de l’accès à l’information et celui des données ouvertes commencent à se rejoindre. Les chercheurs qui ont écrit Beyond Access ont présenté les différentes lois et règlements européens permettant aux citoyens d’accéder aux informations gouvernementales. Notamment, ces auteurs ont insisté sur l’inclusion d’une obligation pour que les gouvernements offrent leurs réponses dans un format « machine-readable » – ce qu’aucun gouvernement au monde ne fait pour le moment.
Rapport beyond access: http://writetoreply.org/beyondaccess/
L’atelier le plus intéressant de la conférence s’est penché sur le militantisme associé aux données ouvertes et sur la manière de quantifier le succès de celles-ci. La conclusion principale dégagée a clairement été que les données ouvertes doivent devenir comme la façon dont nous considérons l’électricité : il faut que dans quelques années, après avoir mis en place des systèmes de données ouvertes, on puisse constater que « bien sûr c’est comme ça qu’un gouvernement moderne doit fonctionner! », comme c’est par ailleurs de cette manière que nos villes ont toutes dû ajouter ce service essentiel à leur fonctionnement. Dans ce sens, il faut souligner que la motivation pour mettre en place des données ouvertes ne devrait pas être basée simplement sur la rentabilité d’une série de données en particulier. En effet, il ne faut pas oublier non plus que l’objectif premier est d’améliorer les communications et l’efficacité d’un gouvernement moderne. Donc, tout comme on ne vérifie pas chaque utilisation de l’électricité, on doit offrir les données ouvertes aux citoyens, aux organismes et aux entreprises sans contraintes d’utilisation.
Le groupe anglais, My Society, a ensuite pris la parole pour expliquer l’impact réel des données ouvertes en Angleterre où le mouvement est probablement le plus avancé. Quand des parlementaires contestent l’efficacité des données ouvertes, MySociety leur demande s’ils déclarent les mêmes dépenses depuis que celles-ci sont affichées en ligne — « Bien sûr que non! », répondent-ils. Enfin, comme organisme à but non lucratif, My Society doit constamment trouver des moyens non-financiers pour motiver et attirer les meilleurs employés. C’est en ayant la possibilité de démontrer l’importance de leur travail, avec des applications comme Whatdotheyknow et Fixmystreet, que ceux-ci se sentent valorisés et demeurent impliqués.
Après deux jours de discussions et de présentations fort intéressantes, quelques grandes conclusions peuvent être identifiées. D’abord, les données ouvertes ne disparaitront pas : tout comme Internet, elles sont là pour rester. Dans ce contexte, les premiers gouvernements à les mettre en place, comme les premières sociétés à offrir de l’électricité à leurs citoyens et à leurs entreprises, auront les plus grandes retombées. En deuxième lieu, le mouvement s’accélère à une vitesse exponentielle. Et en troisième lieu, ce mouvement a pris une envergure internationale qui favorise l’innovation et le partage d’idées. J’ai déjà très hâte de participer à la conférence 2011.
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Vidéo :
Jonathan Brun & David Eaves from Open Knowledge Foundation on Vimeo.
Acétates :