Billet écrit par Anton Dubrau à Cat-Bus.com
Le 2 octobre dernier à eu lieu un « hackathon » organisé par Startupifier, un évènement où se réunissent de jeunes programmeurs et technophiles avec le défi de développer une application informatique et durant lequel j’ai créé un service par SMS pour fournir des horaires d’autobus de Montréal. Devant ces programmeurs branchés, à la fine pointe de la technologie, mon idée d’un service pour les simples téléphones cellulaires, ceux qui sont non-intelligents, (et la question qui tue: « Qui ici n’a pas de téléphone intelligent? ») a fait lever bien des sourcils. Un service pour téléphones stupides? Ne sais-tu pas que les téléphones intelligents sont l’avenir?
Les téléphones intelligents sont l’avenir, en effet, mais ils ne sont pas le présent.
En ce moment, seulement un tiers des usagers Canadiens (âgés de plus de 13 ans) de cellulaires possèdent un téléphone intelligent. Considérant que ce ne sont pas tous les Canadiens qui ont un cellulaire, une application mobile ne peut rejoindre qu’un cinquième de la population. Si l’on considère que le marché québécois n’a pas autant bénéficié des nouveaux entrants que le Reste du Canada, où les forfaits données sont devenus beaucoup moins chères, il est fort possible qu’on ne puisse même pas atteindre cette proportion.
De plus, si on vise des marchés spécifiques, le pourcentage sera aussi diminué. Par exemple, mon service d’horaire d’autobus est pour les usagers du transport en commun, qui ont en moyenne un revenu moins élevé, et sont moins susceptibles de posséder un téléphone intelligent.
Étant donné que l’idée derrière les données ouvertes est de disséminer le plus d’information possible au plus de gens possible, restreindre ainsi un service mobile pour rejoindre dès le départ moins d’un cinquième de la population pourrait être contre-productif. Comme concepteur d’applications, vous pouvez être technophile, à jour ou à l’avant-garde des nouvelles technologies, mais vos usagers pourraient ne pas l’être. Utiliser le SMS pourrait donc être un meilleur moyen de rejoindre beaucoup d’usagers.
Bien entendu, le SMS est un format assez limité — on ne peut que recevoir et répondre en messages de 160 caractères. Considérez-le comme un défi: comment concevoir un service qui limite la quantité d’interaction, pour que l’usager n’aie pas à envoyer de messages de part et d’autre? Comment exposer toute l’information requise en 160 caractères? Comment rendre un service intuitif, et l’information fournie facilement compréhensible?
Un service téléphonique permet aussi des interactions, frustrera vite les usagers si elle en requiert trop. C’est aussi plus limité, car il est difficile de donner beaucoup d’informations de vive voix. Et obtenir de l’information des usagers par entrée de chiffres est aussi plus limité qu’un SMS. Un système comme celui de la STM vous fait passer à travers plusieurs menus. Il ne fonctionne que si vous avez le code d’arrêt à 5 chiffres et non avec une adresse arbitraire. De là est venue mon inspiration pour le projet de SMS.
Concevoir un bon service téléphonique peut être un défi, mais son développement ou sa mise en application est devenu relativement facile. Avec des services comme Twilio ou Tropo, il est possible d’obtenir un numéro de téléphone et créer une application simple en une heure. En se servant d’internet, on peut utiliser toutes les nouvelles technologies et fournir n’importe quelles données même si l’usager n’a qu’un simple cellulaire.
Donc, je vous invite à considérer la possibilité des services cellulaire de rejoindre plus d’usager, et ainsi donner à plus de gens accès à l’information contenu dans les données ouvertes; une information qui devrait être accessible à tous.